En 2007, les citoyens de Granby se sont prononcés par voie de référendum pour dire qu’ils voulaient que le boisé Miner soit protégé à n’importe quel prix afin d’éviter que le lieu soit, un jour, construit.
En fait, ce territoire était déjà protégé. J’ajouterai que, d’une certaine façon, il était mieux protégé avant que la Ville en fasse l’acquisition. Avant que la Ville devienne propriétaire, le boisé Miner était sous une réglementation extrêmement stricte qui limitait la construction de façon telle qu’elle rendait toute construction économiquement non-viable. On parle ici de faire des terrains d’un minimum de 25 acres, d’une interdiction de faire des rues ou de couper des arbres. Pour que le propriétaire puisse construire sur ce terrain, il aurait fallu qu’il convainque le conseil d’enlever ce règlement protecteur. Une décision qui aurait été extrêmement impopulaire, non seulement pour le conseil, mais aussi pour le propriétaire. Mais il est vrai qu’un propriétaire et un conseil malhonnêtes auraient pu comploter afin de faire le changement en catimini.
Le problème
Après l’acquisition du terrain, la Ville était non seulement le législateur, mais elle est devenue aussi la propriétaire du terrain. Avec son chapeau de législateur, elle a enlevé le règlement strict pour le remplacé par un zonage parc. L’avantage du zonage parc, c’est que si on veut changer le zonage, les zones contiguës (pas toute la population) peuvent demander un référendum afin d’empêcher le conseil de changer le zonage. Mais, comme auparavant, un conseil malhonnête pourrait faire les changements de façon subtile et la population n’y verrait que du feu. Mais le pire, c’est qu’un zonage parc n’interdit pas la construction sur le terrain. Elle n’interdit pas la coupe des arbres non plus. En fait, un conseil pourrait décider de transformer le boisé en terrains de soccer avec stationnement, toilette et aire de restauration, et rien, ni personne, ne pourrait les en empêcher.
La solution
Mais il existe une façon simple de résoudre ce problème. Lors d’une discussion que j’ai eue avec le granbyen Stéphane Champagne (journaliste, photographe et auteur de guides sur la nature et le plein air au Québec), il fit le même constat que moi à propos de la protection du boisé Miner. Et c’est à ce moment qu’il me dit qu’il croyait que la Ville devrait mettre le boisé sous la protection d’un organisme indépendant, comme cela s’est fait à Sutton et à Bromont. J’ai trouvé que cette idée était excellente et qu’on aurait ainsi une véritable protection du patrimoine naturel de Granby. La Ville pourrait ainsi faire don du boisé à un de ces organismes, tel Conservation de la Nature Canada. Il y a aussi le programme Partenaire pour la nature du gouvernement du Québec concernant les aires protégées qui pourrait être une solution alternative, quoique je préfère les organismes privés puisque le système de valeur d’un gouvernement change au gré des modes et je crains, qu’un jour ou l’autre, un gouvernement futur abandonne le programme.